Sous Une Etoile

Six ans après…

On dit très souvent qu’on ne voit pas les années passer quand on a des enfants. C’est tellement vrai…

Et quand je me dis, ça fait déjà 6 ans, 6 années passées avec cette marque à vie, cette blessure au coeur que rien ni personne ne pourra effacer, peut-être juste apaiser. Oui, mes filles l’ont caressé et ont un peu chassé la douleur et le chagrin.

La vie reprend son cours, les années passent, les gens oublient…

Je ne vais pas vous raconter à nouveau ce que j’ai ressenti quand son coeur s’est arrêté, et les jours qui ont suivi. Je l’ai déjà fait, et vos commentaires m’ont fait beaucoup de bien.

Aujourd’hui, 6 ans après, j’ai envie de donner de l’espoir à toutes celles qui passent ou sont passées par là. Parce que quand ça vous tombe dessus, vous avez l’impression que vous ne vous en relèverez jamais.

Parce qu’on a l’impression qu’on ne trouvera jamais assez de force pour affronter ça, aujourd’hui, demain et même toute sa vie.

Parce qu’on essaie de pleurer mais que les larmes ne coulent même plus…

Parce qu’on a le coeur qui se serre à ne presque plus pouvoir battre à chaque fois qu’on y pense…

Parce qu’on a peur de ne pas arriver à donner la vie à un bébé un jour,  de vivre une grossesse dans cette angoisse ou que ça recommence une deuxième fois…

Parce que les gens évitent le sujet, fuient votre regard, sont souvent maladroits dans leur réconfort.

6 ans après, j’ai connu tout ça, j’ai gardé confiance en la vie. J’ai rassemblé mes forces pour ne pas sombrer. Je suis allée de l’avant, j’ai fait des projets. J’ai eu deux magnifiques petites filles qui me comblent de bonheur. Je ne sais pas si cette épreuve a renforcé notre couple, mais en tout cas, il ne l’a pas détruit, ni même entâché.

La première année est forcément la plus difficile.

Le premier mois est horrible. On est en colère et triste, on en veut à la terre entière. On jalouse toutes les femmes enceintes, on méprise toutes les mères qui se plaignent.

Puis la colère s’estompe, la tristesse, elle reste. Elle reste des mois. Et si on ne fait rien pour la chasser, c’est la dépression qui nous guette…

J’ai terminé un CDD un mois avant son décès. J’étais donc seule à la maison quand je suis rentrée de la clinique, le ventre vide. Des semaines à ne rien faire, à pleurer dans mon lit ou mon canapé, à n’avoir envie de rien. La dépression n’était vraiment pas loin. Et puis, je me suis reprise en main, je me suis dit que ça ne changerait rien, que ça ne la ferait pas revenir. Et j’ai repris des études, j’ai passé mon BTS en un an, j’ai râté une épreuve pour cause d’accouchement (Miss Patate est née le jour de mon oral) mais j’ai pu la repasser quelques jours après, en sortant de la maternité. Je l’ai obtenu.

Je me suis remplie la tête d’autres choses, j’ai chassé les idées noires, je me suis occupée.

Et puis, les mois ont passé, j’ai trouvé un travail, Miss Patate grandissait et ma blessure se pansait petit à petit.

Une deuxième petite soeur, encore un grand bonheur.

Et aujourd’hui, 6 ans après; J’avoue ne pas y penser tous les jours, comme on ne pense pas tous les jours aux personnes qu’on a perdues mais qui sont toujours là, dans notre coeur.

Je dépose une rose blanche chaque année au monument des touts-petits, mais je n’ai plus ce besoin d’aller me recueillir au crématorium.

J’ai mon pendentif toujours accroché au cou, c’est ma manière de l’avoir toujours avec moi.

Je suis heureuse, j’aime ma vie actuelle. J’ai la chance d’avoir deux filles en bonne santé et un mari que j’aime. Les épreuves traversées nous ont rendu plus forts et nous font apprécier chaque bonheur.

Perdre un enfant pendant la grossesse, c’est très très dur mais ce n’est pas insurmontable. Rien n’est insurmontable. On trouve toujours des forces enfouies en soi pour se relever et avancer à nouveau.

Une association pour parents endeuillés: http://www.nostoutpetits.fr/