Sous Une Etoile

Parce que tout peut s’arrêter demain…

Il y a une quinzaine de jours, mon médecin m’a appelée suite à une prise de sang faite deux jours plus tôt. Un examen que je lui ai demandé car je me sentais fatiguée ces derniers temps.
J’avais reçu les résultats par mail juste avant son appel et un des éléments m’avait un peu inquiétée.
Il m’a donc demandé de venir à son cabinet pour me prescrire des examens complémentaires…
Un taux de leucocytes extrêmement élevé (plus du double de la limite maximale) l’a alerté et il m’a fait un courrier pour que je prenne rendez-vous chez un hématologue (un médecin spécialisé dans les maladies du sang donc).
Un peu flippée mais pas trop encore, c’est en cherchant les coordonnées du Professeur que m’avait conseillé mon médecin que l’angoisse a commencé. Ce Professeur exerçait dans une clinique, dans un service d’onco-hématologie…

A partir de ce moment, j’ai flippé. Vraiment.

Je n’ai pas dormi du tout pendant 2 nuits, j’ai du poser un jour de congé tellement j’étais mal.
Je ne suis pas une stressée de nature, je ne suis pas non plus hypocondriaque. Mais qu’on m’envoie dans un service qui traite les leucémies, ça m’a vraiment foutu un coup.

Pendant plusieurs nuits, je me suis réveillée, j’ai cogité, réfléchi, fait le tour de ce qu’était ma vie jusqu’à maintenant.
Pendant ces quelques jours, ma plus grande angoisse n’était pas de souffrir ou de mourir.

Non, ma plus grande angoisse était que mes filles perdent leur maman. Qu’elles soient dévastées, perdues, brisées. Elles sont si jeunes.

J’ai pensé à tous nos projets, à tous nos rêves, les voyages qu’on prévoyait de faire. Et tout cela m’a semblé tellement dérisoire. Je n’avais qu’une obsession: mes enfants et le chagrin que cela pourrait leur causer.
Je me suis souvenue de tout ce qu’on a fait, les voyages, les sorties, les moments ensemble, tous les quatre, les câlins, les rires. Je me suis dit qu’il n’y en avait pas eu assez, il n’y en a jamais assez quand on sait que ça peut s’arrêter demain.

J’ai tenté de positiver, de me dire que, même si j’avais un truc grave, on ferait tout pour s’en sortir. Et que même si je ne m’en sortais pas, j’aurais le temps de préparer mes proches à mon départ, j’écrirais des lettres à mes filles et à mon mari, on ferait plein de photos, de vidéos pour qu’ils aient plein de souvenirs, on profiterait, on ferait plein de choses ensemble.

Cela m’a aussi fait prendre conscience du quotidien qui nous bouffe, du temps qui nous manque, des choses qui prennent beaucoup plus d’importance qu’il ne faudrait leur en donner. Je relativise déjà beaucoup, de par mon vécu et ma personnalité, mais je crois que j’ai franchi un palier supplémentaire dans la vision de notre vie.

Parce que même si une nouvelle prise de sang a éloigné les angoisses et le rendez-vous chez l’hématologue, je garde à l’esprit que la vie peut basculer du jour au lendemain. Je peux avoir un accident de voiture ce soir, en rentrant du travail. Ma fille aurait pu ne pas avoir QUE la jambe cassée après être passée sous une voiture, la maladie peut toucher n’importe qui demain.

Alors, privilégier les bons moments ensemble, s’amuser, s’émerveiller, ne pas s’inquiéter de ce que les autres pensent et faire ce qu’on veut. S’aimer, se le monter et le dire surtout. Il ne se passe pas une journée sans que je dise Je t’aime à mes filles, à mon mari. Parce que c’est important de le dire et de le montrer aux personnes à qui l’on tient.

Parce que tout peut s’arrêter demain…